Fessenheim n’est plus. Après quelques 40 ans de bons et loyaux services, la centrale nucléaire n’est plus qu’une masse de béton disgracieuse. Un cheval de course à qui on a pompé toute l’énergie possible sur l'hippodrome, désormais bien encombrant depuis qu’il n’a plus d’utilité. Mais qui a décidé qu’il était fait pour l'abattoir ? Et qui a décidé, bien avant, de miser sur ce cheval ?
La genèse (micro, sinon on est parti pour la matinée). Avec la création du CEA (Commissariat à l’Energie Atomique) à la fin de la deuxième guerre, le nucléaire civil français est un pari de Charles De Gaulle. Pas le porte avion, l’homme. Vous savez celui dont tout politique doit se revendiquer un moment dans sa carrière pour faire sa com. Ce pari mènera la France à une relative autonomie énergétique, puisque moins de 10% de l'électricité consommée en France est importée. Et environ 75% de l’électricité produite par la France provient du nucléaire. Pari vertueux d’un point de vue économique. En effet, si l’hexagone a son Mont Blanc, sa Côte d’Azur, sa Tour Eiffel ou encore sa dune du Pilat, il faut aller ailleurs pour voir une goutte de pétrole ou un bout de charbon, énergies de référence dans notre société.
Et depuis. Le nucléaire n’est pas dans la liste des énergies d’avenir pour l’UE. La réduction du poids du nucléaire de 75% à 50% dans le “mix énergétique” est même une priorité du gouvernement. Cette priorité passe entre autres, officiellement, par le développement d’énergies dites “vertes” ou EnR pour renouvelables (ça fait plus scientifique).
L’éolien a le vent en poupe, les projo braqués sur le solaire.
Mais qu’a t-on, au juste, à reprocher au nucléaire ? Le nucléaire tient une place particulière dans la société. Pour une raison importante entre autre. Il fait peur. A bon renfort de media. Par exemple, demandez à 5 personnes autour de vous ce qu’est pour eux Fukushima : j’ai été surpris pour ma part du nombre de “ben une catastrophe nucléaire”.
Le nucléaire fait peur pendant, et après. Les déchets nucléaires sont considérés comme un problème majeur. Que dire alors des déchets des centrales à charbon, des voitures, des avions…. quels déchets ? le CO2. Si les déchets nucléaires sont actifs plusieurs centaines d’années et irradient dans un rayon plus ou moins grand selon la qualité de son enfouissement, le CO2 reste actif plusieurs milliers d’années, et dans toute l’atmosphère..
Sans entrer dans un classement des pour et des contre de toutes les sources d’énergie possibles (gaz, pétrole, charbon, fission nucléaire, élolien, solaire, hydraulique, fusion nucléaire), qui feront l’objet d’un article dédié, il semble que rien ne soit blanc ou noir dans l’énergie. Mais il est une vérité. Jamais aucune énergie ne s’est substituée à une autre dans le passé. Pire, il y a plus d’investissements dans les énergies fossiles que dans les EnR dans la décennie écoulée. C’est bien là le problème. Le vrai problème ne se situe pas dans la découverte hypothétique (voire utopique) d’une source d’énergie “propre”, mais dans notre rapport à l’énergie. L’énergie est transformation. En cela, l’énergie sert les besoins égotiques et dopaminergiques du cerveau humain. Transformer, toujours plus, toujours plus loin, toujours plus grand.
Un turfu responsable c’est un turfu où l’on passe de la conquête de la planète, à celle de son propre cerveau. C’est à dire à la découverte consciente de ses propres besoins. Si la science a permis l’essor de la société thermo industrielle, la science a également mis en évidence que chacun de nous avons tout pour être heureux en consommant moins.
L’énergie la plus propre est celle que nous ne consommons pas. Cette phrase peut faire débat, elle a le mérite de mettre toutes les énergies consommables dans le même panier, et n’en hiérarchiser aucune. Un cheval au galop quand même, en voilà une énergie gracieuse.