D’un côté le beurre et bière, de l’autre huile d’olive et rosé. Il en est un de cliché qui dure, c’est sur la mobilité urbaine. Plus particulièrement le choix du vélo versus tout le reste (voiture, métro, bus…).
Il suffit de regarder les villes européennes les plus cyclables d’Europe : Copenhague, Amsterdam, Strasbourg….
Si plus de 60% des habitants de Copenhague et Amsterdam font leurs trajets quotidiens à vélo, côté Paris c’est moins de 5%.
Mais où sont les Rome, Marseille, Madrid ? Ont-elles la chance de bénéficier d’un réseau de transports en commun bien puissant et dimensionné ? Les villes du sud ne semblent pas si bien loties que cela en transport en commun…
Il semble que cela soit surtout culturel : le vélo c’est pour les bobos, le vélo c’est pas sérieux, le vélo c’est la voiture du pauvre, le vélo c’est pour les écolos…
On peut toujours y opposer quelques arguments classiques : le vélo, ça entretient la santé, le vélo c’est cool, le vélo ça se gare en 30 secondes, le vélo c’est économique…
Bon on ne changera pas facilement les comportements à coup d’arguments : balance à un fumeur qu’il se ruine le portefeuille et les poumons, il continuera à te regarder la clope à la bouche.
Je suis en règle générale partisan des histoires pour changer les choses ; en effet on change moins par la contrainte que par une belle histoire, du type un superman avec son vélo tout carbone qui traverse la capitale en volant sur le pavé et qui fait craquer les filles…
Je vais plutôt là aborder les changements inéluctables auxquels la population va devoir se préparer, et pas dans dix ans…
Tout d’abord la coercition : les enjeux écologiques prédominent au niveau politique, et de nombreuses voies emblématiques sont depuis récemment interdites à la circulation automobile à Paris Marseille ou Nice…. Les détracteurs arguant que ces voies sont désespérément vides de deux roues et qu’il faut faire machine arrière, savent-ils que les décisions politiques ayant conduit le Danemark ou la Hollande à cette culture du vélo datent pour certaines des années 70… On parle pas de l’année dernière ;-).
Au delà de cette sensibilité écologique gagnant la population, il y a une contrainte, bien plus forte, car celle-ci n’est pas une question de sensibilité, mais de physique. Le futur proche va rimer avec contrainte énergétique. Tout ce qui représente un déplacement par une machine revient invariablement à une consommation d’énergies fossiles. Que ce soit le charbon, l’essence, la batterie électrique… cela a requis une quantité plus ou moins importante d’énergies fossiles. Alors que nous avons grandi, chacun de nous, nos parents et grands parents, sous la croyance attrayante que les ressources étaient infinies, voilà qu’on apprend subitement qu’on va bientôt en manquer (en vrai Dennis Meadows en parlait déjà en 1972 pour le Club de Rome). De manière plus précise, toute extraction d’une ressource naturelle suit une courbe mathématique passant par un maximum, appelé pic d’extraction. Passé le pic, la production de la ressource décroît structurellement.
Sur une planète comme la Terre, dont la population croît, et en considérant au premier ordre des besoins constants en énergie par habitant, il va falloir plus d’énergie. Pas de chance (ou grande chance pour l’environnement), le pic de charbon est passé depuis longtemps, le pic de pétrole conventionnel est passé depuis à peu près les années 2006, le pic de pétrole non conventionnel est en train d’être passé. Les scientifiques, dont ceux du Shift Project, prévoient les premières pénuries probablement avant 2030. On parle d’après demain. On parle de pénurie.
Tout cela va obliger de revoir le maillage entre les villes, la physionomie des villes, leur taille, leur approvisionnement en besoins de base comme la nourriture… Mais avant toute chose, et en premier temporellement, c’est le transport, pour aller au travail, pour partir en weekend, qui va être impacté. Nous le vivons en ce moment.
Par ailleurs, le travailleur français serait en moyenne à une dizaine de kilomètre de son lieu de travail. Comptant une vitesse modérée de 20km/h en vélo, il faut environ trente minutes pour se rendre au travail : combien pour la même distance en métro ou voiture ?
Finalement, que ce soit pour sa propre santé, son budget, le gain de temps, l’environnement, ou la science… le nord semble avoir pris une longueur d’avance sur le sud.
Les entreprises ont une responsabilité pour accompagner le changement : parking à vélo, incitations financières, communication, challenges ludiques… sont autant de leviers pour donner du sens et du muscle à vos collaborateurs.