Le brown-out apparaît lorsque le salarié entre dans une période de travail intense et que ses missions manquent de sens. Il se traduit par une perte d’énergie et génère des effets négatifs comme le stress et le mal-être au travail. Nous allons analyser le sujet afin de mieux le comprendre et de mieux le prévenir.
Qu’est-ce que le brown-out ?
Le docteur François Baumann, spécialisé dans les pathologies liées au travail définit le brown-out comme étant “la douleur et le malaise ressentis suite à la perte de sens de ses objectifs de travail et à l’incompréhension complète de son rôle dans la structure de l’entreprise.
À l’origine, l’expression était utilisée pour désigner une baisse d’intensité des appareils électriques.
Cette expression met le doigt sur un comportement spécifique, les salariés se détachent progressivement de leur travail de manière mentale tout en continuant d’effectuer les différentes tâches, mais de manière mécanique. Le brown-out est un comportement conscient ou inconscient que le salarié adopte pour se protéger d’un véritable burn-out. Il est différent de ce dernier puisque ce dernier est l’état d’épuisement professionnel dû à une surcharge de travail ou de stress que l’OMS définit comme “un sentiment de fatigue intense, de perte de contrôle et d’incapacité à aboutir à des résultats concrets au travail”. Le brown-out est également différent du bore-out qui est l’état de fatigue professionnelle reconnue lorsqu’il y a une absence de travail source d’ennui extrême et donc d’épuisement.
Quels sont les symptômes d’un brown-out ?
Le brown-out est un comportement qui n’est pas forcément visible au premier abord et qui peut ainsi passer inaperçu aux yeux des autres si le salarié touché n’en parle pas.
Les symptômes de ce syndrome sont souvent :
La perte de motivation
Le symptôme le plus connu, diagnostiqué et constaté du brown-out est la perte de motivation au travail. La perte de motivation du salarié peut être due à de nombreuses causes variées et propres à chaque cas. En revanche, certains facteurs sont assez courants dans les cas de brown-out tels que le sentiment d’être inutile, de réaliser des tâches fastidieuses, répétitives et peu passionnantes. Aussi, il est possible de développer ce syndrome si le salarié a du mal à s’intégrer dans son travail, qu’il ne comprend pas son rôle dans l’entreprise ou qu’il a des envies d’ailleurs. Aujourd’hui avec l’avancée technologique et la simplification des tâches pour un grand nombre de métiers, certains salariés peuvent avoir l’impression d’exercer un “bullshit job” et ainsi ne pas réellement apporter de valeur ajoutée.
Le désengagement du salarié
Ce syndrome est directement corrélé au précédent puisque c’est en quelque sorte la continuité d’une perte de motivation qui n’a pas été résolue. Celui-ci a perdu la motivation et l’envie d’être au travail ce qui va nécessairement influencer son rendement sur le plan professionnel.
Comme le travail n’est plus une source de stimulation, il va progressivement être moins attentif et rendre de moins en moins de satisfaction dans le travail rendu. Ce désengagement progressif consciemment ou inconsciemment va également jouer sur l’humeur du salarié qui va se dégrader au travail ou dans la vie personnelle. De plus, les relations avec les collègues au travail vont être impactées puisque le salarié va se retrouver en décalage avec le reste des équipes et ainsi créer un sentiment d’isolement qui ne fait qu’empirer la situation.
Comment reconnaître un brown-out ou une perte de sens au travail ?
Le brown-out est un état mental assez complexe à diagnostiquer car le processus du syndrome peut être long, certains salariés peuvent se sentir délaissés lorsqu’ils sont dans cette situation. Il existe néanmoins des comportements et attitudes qui doivent permettre de reconnaître un brown-out.
Pour détecter de manière fiable le brown-out il faut être attentif au comportement du salarié et ne pas non plus tout prendre comme un symptôme de perte de sens au travail. Ainsi la notion de temps et de répétition de ce type de comportements doit être prise en compte.
C’est au manager de surveiller si ses collaborateurs n’ont pas des attitudes qui peuvent s’apparenter à une baisse de motivation et à un désengagement progressif. On peut reconnaître un brown-out si l’on sent que l’estime de soi du salarié baisse et qu’il a de moins confiance en lui et en son travail. De plus, il faut aussi faire attention au langage informel de celui-ci même dans le cadre hors professionnel. Si une personne perd sa bonne humeur, est aigri et que vous vous sentez beaucoup moins concerné par la vie de l’entreprise et par le travail en général, alors il est peut-être atteint de brown-out.
Pour comprendre de manière plus claire ce que ressentent les salariés et que le sentiment se "généralise" dans les équipes, le manager peut mettre en place un test sous forme de questionnaire pour jauger et évaluer globalement le niveau de motivation de ses équipes. Bien que, si cela ne soit pas anonyme, certains vont avoir une certaine gêne à exprimer leurs sentiments, il peut servir de première phase de diagnostic de certains symptômes du brown-out.
Comment sortir d’un brown-out ?
Le brown-out n’étant pas diagnostiqué comme une maladie, il affecte pourtant notre vie professionnelle et notre vie personnelle, il faut alors pouvoir s’en sortir et essayer de retrouver de la motivation au travail.
Parler et se confier sur sa perte de motivation
On ne le répétera jamais assez, lorsque l’on rencontre des difficultés dans la vie, que ce soit au travail ou à la maison, il faut en parler. Une fois que l’on s’est rendu compte que l’on était atteint de brown-out, en discuter avec les personnes de confiance qui nous entourent est primordial afin d’avoir des avis, des conseils et du soutien. Il ne faut pas faire de la perte de motivation au travail un tabou et ainsi penser que ce n’est rien et que cela va s’arranger sans rien faire. L’objectif est de ne pas se refermer sur soi-même pour éviter un isolement qui ne pourrait qu’aggraver la situation en menant à un burn-out par exemple.
FAIRE UN BILAN DE SON ÉTAT ET PRENDRE DES DÉCISIONS
Une fois que l’on a parlé de son problème, que l’on a pu avoir les ressentis et avis de chacun, une phase de remise en question de sa vie professionnelle est nécessaire. Si malgré le mal-être que l'on ressent, on a tout de même la volonté d’arranger la situation en essayant de modifier ses missions, trouver des façons de les rendre plus intéressantes alors, il faudrait trouver un terrain d’entente avec ses supérieurs. Cependant, le plus souvent la solution pour aller mieux est plus radicale, il faut avoir le courage de quitter son poste afin de chercher un emploi plus intéressant et motivant.
Peut-on prévenir un brown-out ?
La prévention du brown-out doit être une volonté collective au niveau de l’entreprise mais c’est surtout au manager de veiller à ce que ses équipes n’en souffrent pas, il doit communiquer régulièrement avec chacun des collaborateurs sous sa responsabilité. Il faut absolument que les échanges entre le manager et le salarié soient réguliers afin d’établir le plus possible une relation de confiance.
Le manager doit ainsi prendre du temps pour expliquer et mettre en avant l’utilité des tâches que réalisent le salarié, qu’elles soient fastidieuses ou non. De plus, il doit veiller à donner un feedback constructif sur le travail du salarié en intégrant le travail de chacun dans une vision globale de l’entreprise. Enfin, les temps d’échanges que ce soit en réunion ou bien à la pause ne doivent pas être négligés, il faut considérer le salarié comme étant une personne qui puisse avoir des doutes et des remises en question et être là pour l’aider.